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Tourné à l'intérieur et à l'extérieur de la prison, Galères de femmes sort en salles, puis est racheté deux ans plus tard par Arte qui le diffuse en prime-time dans une Thema consacrée à la toxicomanie. Jean-Michel [link widoczny dla zalogowanych] Carré a réussi à les portes de la télévision. Un média où se glissent "des pépites, même si elles sont noyées dans une espèce de mayonnaise incroyable".
L'époque était à la censure mais - premier paradoxe - le réalisateur s'en souvient comme d'un "?ge d'or". En mettant en place, avec deux autres cinéastes, un circuit parallèle de distribution, Jean-Michel Carré préserve, dans la décennie 1970, ce qui lui importe : sa liberté de création. Le succès de certains de ses longs-métrages (en particulier Alertez les bébés !, sur l'éducation) lui permet de les salles art et essai et d'éveiller l'attention de la presse.
L'un d'eux, le poète et écrivain , [link widoczny dla zalogowanych] commente en ces termes la ferveur que manifesta une partie de la [link widoczny dla zalogowanych] jeunesse occidentale pour le régime chinois, à la fin des années 1960 : "C'était comme des fleurs rouges de loin. Le rouge est notre symbole. C'était d'une beauté éclatante. Mais il aurait suffi de s' pour que c'était le rouge du sang."
"Chine, le nouvel empire" sur Arte, mardi 30 [link widoczny dla zalogowanych] avril à 20h50.
Ayant abandonné les études de qu'il menait en parallèle, Jean-Michel Carré a aussit?t mis le cap sur le documentaire, engageant, par cycles successifs de plusieurs films, une exploration méthodique des problématiques politiques de la société : l'éducation, mais aussi la prison, la prostitution... Une volonté le guidera, "donner la parole à des gens qui ne l'ont jamais et sur lesquels les regards se détournent". "C'est au travers des films que les gens comprennent ceux qu'ils méprisent ou ceux qu'ils essaient d'éviter", croit-il encore aujourd'hui.

La censure avait indirectement donné de l'écho à son travail. La victoire de la gauche, en mai 1981, menace de détruire l'édifice. Quelques mois plus t?t, Jean-Michel Carré avait réuni un collectif de 200 personnes pour le Studio Saint-Séverin, un cinéma du 5e arrondissement de Paris. "Dès le lendemain du 10 mai, se souvient le réalisateur, les entrées ont commencé à . Les gens ne voulaient plus de films politiques. Ils se sont dépolitisés ou plut?t "démilitantisés" en quelques heures." Quatre ans plus tard, la salle doit ses portes. Pour Jean-Michel Carré, comme pour les autres cinéastes de sa génération, un nouveau défi est à : conquérir un brin d'espace à la télévision, média dominant. L'heure est au pluralisme, de nouvelles cha?nes vont le jour... L'affaire est simple en apparence ; elle va se révéler redoutablement compliquée. Jean-Michel Carré devra encore dix ans avant que l'un de ses films soit diffusé sur le petit écran. C'est aux cha?nes du service public, tout naturellement, que le réalisateur propose , premier film documentaire consacré à la prison. Refus d'Antenne 2 et de La Sept (préfiguration d'Arte), [link widoczny dla zalogowanych] qui lui répondent en substance : "C'est trop dur. C'est trop triste. ?a ne va intéresser personne."
"On ne voyait pas la violence", convient l'ex-mao?ste Jean-Michel Carré. "Mao?ste libertaire", précise celui qui, se méfiant de toute tendance "sectaire", n'a "jamais voulu être dans un groupe". Cela posé, le documentariste ne renie rien de ses engagements de jeunesse, dont les accents lui reviennent très naturellement : "Les étudiants fran?ais et chinois avaient les mêmes raisons de se , contre la bureaucratie et la sclérose du système éducatif." Un temps d'arrêt, avant de à une passerelle vers ce passé révolu : "Si on n'a pas des rêves comme ?a à 20 ans, c'est complètement désespérant pour la suite."
S'il a remisé ses rêves de "grand soir", n'en conservant que l'espoir de "petits matins", Jean-Michel Carré assure qu'il suit toujours la même ligne directrice : "Je n'ai pas retourné ma veste. Cela fait quarante ans que je fais des films mao?stes libertaires..." Du... chinois ? A ceux que l'expression ferait , le documentariste a quelques [link widoczny dla zalogowanych] arguments à , qui donnent à sa trajectoire consistance et cohérence.
Le point de départ ? Une conviction qui figure encore en exergue sur le site Internet de sa société de production, Les Films Grain de sable : "Le est l'art le plus adéquat pour l'activisme ." Alliance d'une irrépressible "envie de le monde" et d'un art qu'il avait découvert "avec fascination" devant un film de Jean-Luc Godard, avant de s'en les techniques à l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC), cette idée-force était un pur produit de Mai 68.
Il lui aura fallu près d'un demi-siècle pour l'un de ses films par L'Internationale. "En version rock et en chinois...", précise é. 20 ans en 1968, quarante-cinq de plus aujourd'hui, le réalisateur s'amuse de ce clin d'oeil à ses origines militantes qui accompagne le générique final de son dernier opus, Chine, le nouvel empire. Un documentaire hors norme, en trois parties d'une heure chacune, diffusé sur Arte le 30 avril, retra?ant plus d'un siècle d'histoire de ce pays démesuré au travers d'images d'archives et de témoignages de Chinois de tous milieux.
Reconnu pour la qualité de son travail, le réalisateur est parvenu à ce jour à une liberté d'action qui est devenue un privilège dans ce métier. Il le sait et met le pied à l'étrier à quelques jeunes réalisateurs, se réservant les films les plus difficiles : ceux pour lesquels seul son nom est susceptible d' la mise auprès de diffuseurs de plus en plus frileux. Ainsi peut-il encore les d' aux téléspectateurs des images et des mots venus d'ailleurs : ce furent notamment deux films [link widoczny dla zalogowanych] sur la - "Koursk", un sous-marin en eaux troubles (2004) et Le Système Poutine (2007) -, avant cette vaste fresque sur la . Le "mao?ste libertaire" ne se sent-il pas un peu seul de nos jours ? Il évoque les citoyens qui "ont des et se battent", rencontrés lors des projections de ses films. "Si on ne se bat pas, c'est encore pire. Et si je ne n'y crois pas, je me fous en l'air", [link widoczny dla zalogowanych] ajoute cet "optimiste forcené" qui se dit toujours [link widoczny dla zalogowanych] autant persuadé que "le cinéma est susceptible de la société plus humaine".
Nouveau paradoxe : c'est TF1, gr?ce à un "coup de coeur" de Michèle Cotta, alors directrice de l'information de la cha?ne privée, [link widoczny dla zalogowanych] qui va ce film. Déprogrammé en raison du déclenchement [link widoczny dla zalogowanych] de la guerre du Golfe, Femmes de Fleury est finalement diffusé le 8 mars 1991. L'audience est au rendez-. [link widoczny dla zalogowanych] Un "record" (à un horaire tardif), se souvient le réalisateur, qui signe dans la foulée d'autres contrats lui assurant la production et la diffusion de la suite de son travail.
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